Son combat à l’international

A.Benhamouda avec la CGT

Son combat à l’international…

 

A.Benhamouda a compris très tôt que dans un monde sans frontières, où la mondialisation avait une incidence directe sur l’économie nationale et donc sur le pouvoir d’achat des travailleurs algériens, il ne pouvait se contenter d’un combat syndical intramuros. Il décida alors d’exporter son ambition pour les travailleurs algériens à travers le monde. Il a donc travaillé avec ses compagnons sur les deux fronts, interne et externe. Il avait aussi deux visées : la première concernait l’Algérie : redorer son blason et la faire sortir de son isolement forcé et la deuxième concernait les travailleurs algériens et l’UGTA : donner à celle-ci la place méritée au sein du monde syndical international et défendre les intérêts des travailleurs algériens au-delà des frontières algériennes, notamment avec les créditeurs de l’État algérien.

Benhamouda a saisi l’importance et la nécessité des relations entre l’UGTA et la Confédération Internationale des Unions des Travailleurs Arabes (CIUTA). Avant même son élection à la tête de la centrale syndicale, il a été un défenseur acharné de l’activation du rôle de l’Union dans le monde arabe et des organismes internationaux.

Le Militant au Service du Syndicalisme Arabe

Aussi, dès sa prise de fonction en tant que secrétaire général de la centrale syndicale, il s’employa à donner une nouvelle dynamique au syndicalisme arabe en contribuant grandement à promouvoir le rôle, le message et la mission de la CIUTA. Au cours de sa participation à la session des syndicats arabes, il accorda une interview au journaliste Arslan Ali de la revue de la Confédération des Syndicats Arabes, en Décembre 1991, et répondit aux questions se rapportant au multipartisme et son impact sur le syndicalisme en Algérie. Il aborda également l’apport de l’UGTA à résoudre les problèmes socio-économiques en Algérie, le texte intégral peut être lu ici. Confédération des Syndicats Arabes, en Décembre 1991

Sous son leadership, l’UGTA fut l’une des organisations syndicales arabes les plus actives dans ses appels à : la consécration des libertés syndicales ; la reconnaissance du droit de constituer des syndicats et la participation du mouvement syndical dans le développement des programmes socio-économiques.

Il ne ménagea aucun effort pour la formation des syndicalistes algériens aux nouvelles méthodes de revendications sociales, sous l’égide du Bureau Arabe du Travail, qui participèrent à ces cycles de formations conjointement avec leurs homologues des syndicats arabes (Égyptiens, maghrébins, moyen-orientaux…).

Conscient du combat perpétuel des femmes dans les sociétés arabes, particulièrement les femmes actives, A.Benhamouda créa une section des femmes travailleuses de l’UGTA affiliée aux instances syndicales arabes. Il organisa une session parmi d’autres évènements, à Alger en Septembre 1995 où la représentante Algérienne avait présenté un rapport pertinent et très applaudi. section des femmes travailleuses de l’UGTA

Fervent Défenseur de l’Unité du Militantisme Maghrébin

Compte-tenu du besoin urgent de souder les rangs des travailleurs maghrébins, face aux retombées du nouvel ordre économique européen, A.Benhamouda ne ménagea aucun effort pour le renforcement et le développement de l’Union Syndicale des Travailleurs du Maghreb Arabe (USTMA). L’UGTA édifia des relations privilégiées avec ces syndicats, et d’emblée, son leader sillonna les pays du Maghreb dans cette optique.

Au cours d’un discours prononcé en novembre 1990, lors de l’ouverture de la 2ème session du conseil de l’USTMA, tenue à Alger, A.Benhamouda proposa la création de commissions spécialisées dans le droit et la législation, la protection sociale et la formation, en vue d’accompagner le travail des cadres syndicaux dans la défense des acquis professionnels 2ème session du conseil de l’USTMA.

Continuant son combat maghrébin, en Septembre 1992 à Rome, il participa au sommet syndical Europe du sud/Maghreb pour défendre les travailleurs et les travailleurs immigrés contre les discriminations et les impacts néfastes de la crise économique et dans l’espoir de faire de la méditerranée un espace de paix, de sécurité, de solidarité et de coopération (déclaration finale et les résolutions de ce sommet). sommet syndical Europe du sud:Maghreb Sep 1992

Par solidarité au combat du travailleur algérien contre le terrorisme barbare, les syndicats des deux rives de la méditerranée (syndicats portugais, français, espagnols, italiens, grecs, tunisiens, algériens, marocains et mauritaniens) ont convenu de tenir le sommet de l’année 1993 à Alger.

A.Benhamouda se distingua par son dynamisme et gagna le soutien de ses camarades maghrébins qui l’ont élu président de l’union lors d’une session du conseil de l’USTMA, en Décembre 1992 à Tunis.

Sous la présidence de A.Benhamouda, l’USTMA et en collaboration avec les syndicats européens, notamment français, espagnols, belges et italiens, élabora une politique et des orientations socio-économiques afin de contrer les répercussions négatives de la politique économique de l’Union Européenne et protéger les droits des travailleurs maghrébins immigrés en Europe.

A.Benhamouda était aussi très soucieux de renforcer le rôle de l’USTMA car conscient de l’importance de la dimension maghrébine comme appui aux luttes de l’UGTA contre les effets secondaires de la privatisation et la restructuration imposées à l’Algérie par le FMI et autres institutions internationales.

En outre, en sa qualité de président de l’USTMA, A.Benhamouda présenta un rapport sur la privatisation et les droits des travailleurs lors de la réunion qui s’est tenue à Tunis du 22 au 26 Mai 1995. Suivie de cycles de formation syndicale continus. Des ateliers ont donc été organisés tout au long des années 1995 1996 avec la participation des cadres syndicaux aux côtés d’experts et d’universitaires venus de plusieurs pays.

Parmi les thèmes développés lors de ces formations : la formation continue au sein des entreprises’, ‘la formation par alternance’ et ‘la coopération’.

Le Rôle Actif de la Diplomatie Syndicale

Durant ses six années passées à la tête de l’organisation syndicale A.Benhamouda ne ménagea aucun effort et ne négligea aucun front. Sous sa houlette, L’UGTA organisa et prit part aux différentes manifestations régionales et continentales. Le 2ème semestre de l’année 1990 verra une intensification de la coopération entre l’UGTA et l’Organisation de l’Unité Syndicale Africaine (OUSA); deux séminaires furent organisés à Alger sous l’égide de cette dernière (octobre 1990 et novembre 1990) rentrant dans le cadre des préparatifs du congrès de Tripoli (Lybie) en décembre 1990.

Le rapport dudit congrès n’omet pas de souligner « l’apport ô combien louable » de l’UGTA a l’organisation africaine.

A.Benhamouda le patriote, ne manqua pas de saisir toutes les occasions et les opportunités qui s’offraient à lui pour éclairer l’opinion internationale sur la nature réelle de la crise multidimensionnelle que traversait l’Algérie. Clamant sur toutes les tribunes que l’Algérie n’était pas en guerre civile, que les travailleurs algériens et le peuple d’une manière générale, résistait bravement à la menace terroriste. Tout en faisant face à une crise économique sans précédent, due aux restrictions budgétaires et les conditions drastiques de rééchelonnement de la dette imposées par le FMI.

A.Benhamouda profita de l’organisation du 9ème congrès de l’UGTA en décembre 1994, pour briser l’embargo imposé à l’Algérie en invitant les délégations des syndicats partenaires de l’UGTA à y prendre part. Ceci représentait un pari dans tous les sens ; dans des circonstances normales l’organisation d’un tel évènement en présence de délégations internationales aurait été un challenge, mais le réaliser dans le climat d’insécurité, d’attentats et de crise économique des années 90 relevait de la témérité.

L’évènement était une réussite totale, a eu un écho positif et a permis aux participants de constater l’engagement patriotique du syndicaliste algérien.

Ils se sont constitués eux-mêmes en ambassadeurs de l’Algérie et des travailleurs Algériens dans leurs pays respectifs. (Voir ici un exemple des reportages de l’évènement repris sur les colonnes du Journal des travailleurs Arabes et la déclaration de la Confédération Internationale des Unions des Travailleurs Arabes qui s’en est suivit).

A partir d’Octobre 1994, l’UGTA entama une campagne intensive de sensibilisation et d’initiatives en direction de l’Europe pour expliquer la situation que vivait l’Algérie et les travailleurs algériens au plan économique, social, politique et sécuritaire. Cette initiative était d’autant plus importante qu’il fallait faire face aux : fausses lectures, préjugés, et conclusions hâtives des médias et journalistes occidentaux dont l’objectif était de présenter une Algérie non viable politiquement et économiquement et discréditer l’Etat algérien et ses institutions, ce qui les réconforterait dans leur politique d’isolement de l’Algérie de la scène internationale et aurait laissé libre champ aux partisans du ‘Qui tue Qui ?’, réunis à Rome sous l’égide de la communauté catholique Saint Egidio. Ci-dessous quelques extraits des rapports de ces missions de l’UGTA (Avril 1995).

Dans une première phase, les représentants de l’UGTA entamèrent une série de contacts et de rencontres avec des organisations syndicales, des personnalités, des associations et des parlementaires en Europe. Un programme d’explication et de sensibilisation fut donc livré aux principaux syndicats en France, la CGT avec ses 800.000 adhérents, la CFDT avec 700.000 adhérents, et la FO avec 400.000 adhérents (chiffres de 1994), qui avaient fortement apprécié cette initiative et exprimé leur entière solidarité avec leurs camarades de l’UGTA et le peuple algérien en condamnant sans réserve les actes de terrorisme.

La tribune annuelle du Bureau International du Travail offrit à A.Benhamouda l’opportunité de porter la voix des travailleurs algériens à l’échelle internationale. Il participa à la 80ème session de la Conférence Internationale du Travail à Genève en 1993 où il prononça un discours en arabe, dont la traduction en Français peut être lue ici. Conférence Internationale du Travail à Genève en 1993

Par ailleurs, dans un mémorandum adressé aux organismes syndicaux présents à la 82eme session de la conférence internationale du travail, l’UGTA a appelé à :

  • Une réflexion collective autour des programmes de stabilisation du FMI ;
  • Une concertation pour l’amélioration de la qualité des programmes du FMI ;
  • Une assurance d’une meilleure prise en charge de la dimension sociale du développement.

L’UGTA a assuré dans sa saisine, n’avoir aucune volonté d’introduire un débat de nature politique et a promis de contribuer avec l’aide du mouvement syndical international au succès des initiatives envisagées.

D’autres rencontres ont eu lieu notamment à Bruxelles, Belgique avec la CISL (Confédération Internationale des Syndicats Libres) et la CES (Confédération Européenne Syndicale) sur la situation en Algérie, suivies par la participation de l’UGTA au sommet Mondial pour le développement social du 6 au 12 Mars 1995. Pour l’UGTA, ce sommet fut une excellente plateforme pour nouer et consolider les liens avec les organisations Syndicales et Patronales, nationales et internationales les plus représentatives dans leurs relations économiques avec l’Algérie. Ce qui a permis aussi de porter le message de la Société Civile sur la situation algérienne. Ainsi, l’UGTA put s’entretenir avec le Conseil Economique et Social Français (CES), l’Organisation Internationale des Employeurs (OIE), Le Conseil national du patronat français (CNPF) aujourd’hui MEDEF, la Confédération des Employeurs Allemands, la Confédération des Employeurs Polonais, SOLLIDARNOSC et ALLPOLAND (Deux Centrales Polonaises), la Centrale Syndicale Italienne (CSI), la Centrale Syndicale Allemande (DGB), les représentants de la CISL et de la CES.

Déploiement de l’UGTA à l’Echelle Internationale

Ces contacts aboutirent à un renforcement des liens avec la CISL, et sur invitation officielle du Secrétaire Général de cette dernière, une délégation de l’UGTA conduite par A.Benhamouda, s’est rendue à Bruxelles le 19 Mars 1995.

Ce fut la première rencontre officielle depuis 1962 entre l’UGTA et la CISL, durant laquelle A.Benhamouda avait interpellé ses camarades de la CISL avec les mots suivants : seule contre tous, tel est le combat de l’UGTA. Cible du terrorisme, la centrale syndicale avait perdu plus de 300 militants, victimes du terrorisme. La CISL avait alors manifesté toute sa solidarité avec l’UGTA.
Historiquement, l’UGTA était affiliée à cette organisation internationale syndicale depuis 1957. Mais en 1963 l’UGTA, compte tenu de la conjoncture de l’époque a été contrainte de retirer son affiliation.

Suite à ces rencontres, le SG de la CISL – Bill Jordan – a condamné sans réserve le terrorisme et a exprimé son soutien à l’action entreprise sur le terrain par l’UGTA pour défendre les intérêts des travailleurs. Il a aussi affirmé son adhésion totale à la vision de l’UGTA sur la situation algérienne. Etant donné la très grande influence de cette organisation, une telle disponibilité était un énorme acquis pour l’Algérie. Cette rencontre s’est soldée par :

  • Une rencontre avec les Institutions Financières Internationales.
  • Une rencontre avec les Syndicats Américains.
  • Une affiliation.
  • Une diffusion générale à tous les affiliés de la CISL du communiqué commun et la possibilité d’action de solidarité de tous les affiliés sur la question algérienne.

Ci-contre le résumé de leur entretien et le communiqué commun CISL:UGTA.

Le rapprochement entre les deux syndicats s’intensifia et aboutit à une visite d’une délégation conduite par Bill Jordan en personne. Par le dynamisme de son leader, l’UGTA avait réussi à pénétrer par la grande porte dans le mouvement syndical international.

Tout de suite après avoir réintégré l’UGTA au CISL, A.Benhamouda en collaboration avec Mr Ismail Sahbani SG de l’UGTT de Tunisie, s’attelèrent à défendre les droits des travailleurs maghrébins par un travail de coulisses et lors des conférences de la CISL. C’est grâce à l’UGTA et l’UGTT que la langue Arabe a été adoptée comme langue officielle à la CISL. C’est aussi grâce au lobbying et à la pression des deux syndicats maghrébins qui ont démontré aux syndicats Européens, Américains, et Asiatiques la nature raciste et sioniste de La Histadrout, Fédération générale des travailleurs de la Terre d’Israël, que cette dernière fut neutralisée et marginalisée de la CISL.
Par ailleurs, l’UGTA et l’UGTT ont réussi à convaincre la CISL de :

  • L’adoption d’une orientation plus sociale à la privatisation et la restructuration ;
  • La reconnaissance des droits des travailleurs immigrés en Europe avec les mêmes privilèges et sécurité sociale que les travailleurs européens ;
  • La reconnaissance des droits des travailleurs palestiniens et le droit du peuple palestinien à un Etat Palestinien.

Renforcement des Liens avec les Syndicats Français

Par ailleurs, l’UGTA, invitée au 43ème congrès de la CFDT du 21 au 24 Mars 1995, a eu l’honneur de voir son SG intervenir, à titre exceptionnel à la tribune de ce congrès. A cette occasion, A.Benhamouda a fait une communication ressentie par les congressistes avec émotion (voir ici le texte intégrale de son discours), suscitant une solidarité ferme et sans réserve de la base syndicale de la CFDT et de sa direction à l’endroit des travailleurs et du peuple algérien dans leur combat pour la défense des idéaux de progrès, de démocratie, de justice sociale, de modernité et de valeurs républicaines. Mme Nicole Notat, SG de la CFDT, dira dans une interview, après l’assassinat de A.Benhamouda, qu’il faisait souvent référence à ce congrès pour décrire ce qu’était pour lui la solidarité internationale (syndicalisme Hebdo No 2634).

Durant ce congrès, A.Benhamouda a eu également des entretiens et a établi des liens avec 29 organisations syndicales et également avec le Secrétaire Général de la Confédération Européenne Syndicale. Cette rencontre a abouti à une sensibilisation et une adhésion de cette organisation à la ligne défendue par l’UGTA et s’est soldée par un communiqué commun de soutien et de solidarité. Par la suite, une délégation de la CES s’est rendue en Algérie en Avril 1995.
D’autre part, le Secrétaire Général de la CES (Emilio Gabaglio) a proposé des rencontres entre le Secrétaire Général de l’UGTA et le Parlement Européen, le Comite Economique et Social Européen, et la DGB (la puissante Centrale Syndicale Allemande), des rencontres qui se sont déroulées en Mai et Juin 1995

Toujours durant ce 43ème congrès de la CFDT, A.Benhamouda avait accordé plusieurs interviews notamment à : RMC, RTL, LCI, M6, Radio France. Ce congrès a permis à l’UGTA de consacrer sa place et son audience au sein des organisations Syndicales Européennes et de gagner à sa cause la solidarité et le soutien de leurs adhérents.

A la suite des rencontres tenues à Copenhague et à Montpelier (43ème congrès de la CFDT), les trois organisations syndicales Italiennes (CGIL, CISL, UIL) avaient convenu de recevoir une délégation de l’UGTA en Italie du 25 au 29 Mars 1995 et de participer à l’initiative de solidarité du CISA (Comité Italien de solidarité avec l’Algérie). Ces trois organisations syndicales italiennes avaient auparavant manifesté une certaine sympathie aux accords de Saint Egidio, mais suite à leurs rencontres avec la délégation de l’UGTA, elles ont reconsidéré leur position et ont apporté leur soutien et leur solidarité entière à l’UGTA, aux travailleurs et au peuple algérien dans leur lutte contre l’intégrisme et le terrorisme.

Durant ces rencontres, fortement couvertes par les médias italiens, les représentants de l’UGTA ont développé la ligne directrice de l’UGTA vis-à-vis de la situation difficile que traversait l’Algérie, les enjeux politiques et les démarches politiciennes et partisanes des participants aux deux rencontres de Saint Egidio. Ce qui a permis une autre grille de lecture de la question Algérienne par les représentants de la Société Civile Italienne et à travers elle l’opinion publique.

Comme convenu lors de rencontres avec le Secrétaire Général de la CES à Montpelier durant le congrès de la CFDT le 29 Mars 1995, l’UGTA était invitée à participer à Paris à une rencontre des parlementaires européens au cours de laquelle un aperçu général sur la situation Algérienne a été présenté. A l’issue de cette rencontre les parlementaires européens ont déclaré leur solidarité et ont offert leur disponibilité à intervenir au plan Economique et Politique au sein du Parlement Européen au profit de l’Algérie.

Ainsi, A.Benhamouda a construit d’étroites relations et un respect mutuel avec les organisations syndicales les plus influentes au monde, notamment la CGT qui, très tôt, soutiendra la cause et le combat des travailleurs algériens, au point même de devenir le relais des messages de l’UGTA en France. A l’invitation de l’UGTA, Michel Muller et Roger Déame de la CGT ont effectué, fin Novembre 1994 un séjour en Algérie, pendant que d’autres, des Algériens, fuyaient le pays pour se réfugier ailleurs.  Muller dira de son séjour au journal de la CGT Impact : « …il est certain que des mesures économiques, par exemple l’annulation du remboursement des crédits ou son allègement, doivent être prises au niveau des Etats, et plus particulièrement la France. Nous avons une responsabilité à assumer dans ce domaine… ». Il parlera aussi de quelques-unes des actions prises par son organisation pour soutenir l’UGTA : « …nous avons, avec l’UGTA, discuté de cet aspect des choses, …., il faut donner à l’UGTA les moyens de s’exprimer… Nous avons fait part à nos camarades algériens de l’engagement sans faille de la CGT pour apporter notre soutien à ceux qui, au péril de leur vie se battent pour que l’information puisse circuler. Nous avons convenu d’une coopération à trois phases pour monter une imprimerie au bénéfice de l’UGTA. Première phase : participer à l’élaboration d’un bâtiment abritant l’imprimerie. Deuxième phase, en même temps que la première : trouver du matériel d’imprimerie pour les besoins immédiats de l’UGTA (matériel de photocomposition, de photogravure, d’impression de brochure). Troisième phase : trouver un matériel pour l’impression de journaux… ». Cette campagne de solidarité sera nommée « Liberté : J’imprime ton nom » (ici le lien vers un article couvrant la campagne sur Impact). Malheureusement et malgré tous les efforts et les fonds fournis et l’élan de solidarité des adhérents de la CGT, ce projet ne verra jamais le jour : le matériel d’impression sera longtemps bloqué dans le port d’Alger et l’UGTA ne réussira pas à obtenir un terrain pour loger son imprimerie.

A.Benhamouda a été aussi l’invité d’honneur du 45ème congrès de la CGT en Décembre 1995, où il prononça un discours historique, que nous nous devons de reprendre entièrement ici.

Communication de A. Benhamouda Secrétaire General de l’UGTA au 45eme Congres de la CGT du 3 au 8 Décembre 1995

(Montreuil, le 4 Décembre 1995)

Je ne peux pas intervenir à votre 45éme Congrès sans exprimer la totale solidarité de l’UGTA aux personnels et salariés de la France engagés dans un mouvement revendicatif d’une grande ampleur.

Je salue, en mon nom personnel et au nom de l’UGTA : les cheminots, les salariés de la RATP, des hôpitaux, des finances.

Je salue les gaziers et électriciens, les fonctionnaires qui expriment dans l’unité leur refus de voir leurs acquis et avenir remis en cause.

J’ai la conviction que ce mouvement social œuvre pour l’intérêt de l’ensemble des salariés, des retraités du peuple de France.

L’unité des travailleurs et de leurs syndicats démontre d’une manière éclatante que l’action syndicale est une force dont il faut que le patronat tienne compte.

Soyez certains chers amis et camarades que votre action est un encouragement également pour nous algériens, pour défendre les intérêts des travailleurs de notre pays.

J’ai la conviction que vous pouvez faire céder les pouvoirs publics et obtenir satisfaction à vos légitimes revendications.

Chers camarades, Mr le Secrétaire Général

Chers camarades congressistes

Honorables invités de la CGT

C’est avec une fierté particulière pour moi d’être aujourd’hui parmi vous. C’est un moment privilégié pour moi d’avoir à vous parler, chers camarades congressistes et invités de la CGT.

Les travailleurs et élus de l’UGTA sont particulièrement touchés par l’invitation que vous avez adressée à l’UGTA et ils tiennent à vous en remercier avec une grande fraternité.

Les travailleurs algériens et leurs élus syndicaux sont très touchés par la solidarité que la CGT et sa vaste base militante ont toujours manifestée et manifestent envers les travailleurs et le peuple algérien.

Aujourd’hui, devant vous, j’affirme que la solidarité de la CGT n’a jamais été défaillante et ce, depuis la guerre de libération nationale.

Dans les moments difficiles que notre pays a traversés et qu’il traverse, nous avons toujours pu compter sur votre appui, votre solidarité franche et fraternelle. Que la CGT et sa base militante soient remerciées.

A cette occasion, je suis fier de l’exprimer devant vous.

Les travailleurs de la CGT et de l’UGTA sont liés par leur histoire, par les échanges et la coopération dans différentes activités syndicales du passé et du présent ; comme ils sont liés par les défis et les problèmes partagés du développement économique et social à venir.

Chers camarades !

En Juin 1990, lors de son huitième congrès l’UGTA s’était définitivement libérée de la caporalisation du parti unique. Les 1500 délégués de ce 8ème congrès ont décidé de rebâtir leur organisation et de faire de l’UGTA une organisation syndicale revendicative, forte, représentative, démocratique et indépendante.

Depuis cette date, l’UGTA s’est attelée à combattre les inégalités, la marginalisation, l’incohérence des politiques économiques et sociales, à améliorer les conditions de vie et de travail des travailleurs ; enfin à bâtir un syndicat pluraliste, démocratique, moderne et sans aucune tutelle.

Aujourd’hui, je peux affirmer devant vous que l’UGTA a redonné au syndicalisme algérien un nouveau souffle.

A titre d’exemple, je me permets de vous citer quelques conquêtes sociales arrachées depuis le 8ème congrès :

  • Le niveau du SNMG a été multiplié par cinq.
  • La négociation et la ratification de 1550 conventions collectives.
  • Le niveau des allocations familiales a été multiplié par dix et leur paiement par le budget de l’état.
  • La généralisation du financement des œuvres sociales à tous les secteurs d’activités.
  • Le développement du mouvement mutualiste.
  • La mise en place :
    • D’un Conseil Economique et Social
    • Des Conseils d’Administration de la Sécurité Sociale et des Retraites.
  • La création d’une Caisse Nationale d’Assurance Chômage.
  • L’octroi par l’état d’indemnités aux sans revenus.

Par cet investissement de l’UGTA dans la défense des intérêts moraux et matériels des travailleurs, l’adhésion des travailleurs est passée de 700 000 en juin 1990a 1 350 000 en Décembre 1994 (date du 9ème congrès).

C’est par cette action syndicale que l’UGTA a regagné la confiance des salariés et qu’elle est devenue une force incontournable.

Je ne vais pas vous dire que tout va bien dans le meilleur des mondes, ce ne serait pas sérieux. Ce que par contre je peux vous dire, c’est que l’UGTA est devenue un partenaire écouté et un élément important de l’espace civil, social, économique et politique.

Chers camarades, si un message devait vous être transmis ici, c’est celui de vous dire que l’Algérie est en train de connaitre des mutations profondes, les bouleversements que l’on observe actuellement résultent pour une bonne part de la transition entre le système du parti unique, longtemps en vigueur en Algérie et l’ère du pluralisme politique.

La faillite du système politique, économique et social, l’étouffement des libertés individuelles et collectives, les retombées de la crise économique mondiale entrainent le pays dans une situation alarmante l’obligeant à réserver 75% de ses ressources financières pour couvrir la dette extérieure.

A cela s’ajoute les effets négatifs des politiques d’ajustement structurel imposées par le FMI et la Banque Mondiale.

A la faveur de cette situation et profitant du désarroi et de l’exaspération des citoyens, l’intégrisme a trouvé un terrain favorable à l’expansion de ses idées.

La jeunesse qui constitue 70% de la population a été une proie facile, vu son exclusion, l’absence de perspectives d’avenir, le désœuvrement et sa révolte contre un système corrompu ne lui laissant que peu d’espoir d’accéder à un avenir meilleur.

Cependant, les citoyens qui s’étaient laissés leurrer par les promesses trompeuses des intégristes n’ont pas tardé à déchanter lorsque ces dernières ont dévoilé à la face du monde leurs desseins qui n’étaient autres que la suppression des libertés démocratiques, l’instauration d’un nouveau régime totalitaire et répressif.

Il est des moments dans la vie des nations où les prises de position de chacun constituent un engagement d’une exceptionnelle importance et exigent un sens aigu de la responsabilité. Arrivée à certains tournants de l’histoire l’erreur n’est plus permise. C’est pour cela que l’UGTA a pris les siennes. L’Algérie n’a échappé que de justesse aux complots internes et externes visant à la livrer à l’obscurantisme totalitaire, porté par la mouvance intégriste.

Mais les ennemis de la démocratie ne désarment pas, et pour se hisser de force au pouvoir, ils n’hésitent pas à utiliser les moyens les plus abjects :

  • Le terrorisme, les assassinats, les vols, les viols, le sabotage et la destruction du potentiel économique.

Chers camarades,

L’Algérie aujourd’hui pleure ses martyrs :

  • Elle pleure ses intellectuels que l’on veut assassiner ou chasser de leur pays.
  • Elle pleure ses journalistes, ses écrivains que l’on veut réduire au silence.
  • Elle pleure ses poètes, ses chanteurs, ses artistes pour qu’ils n’apportent plus de rêves.
  • Elle pleure ses enseignants, ses étudiants pour qu’ils ne répandent plus la lumière du savoir.
  • Elle pleure ses femmes et ses filles qui n’acceptent pas l’asservissement.
  • Elle pleure ses démocrates, ses syndicalistes qui font de la défense de la justice sociale et des valeurs républicaines leur raison de vivre.
  • Elle pleure tous ses amis étrangers venus à son aide pour son édification et qui en guise de remerciement n’ont trouvé que la mort et le deuil.

Le combat qui se déroule dans notre pays n’est pas une lutte entre le pouvoir et la mouvance islamiste, comme « certains médias » tentent de le faire croire, mais c’est la lutte des forces vives, progressistes, contre l’obscurantisme et le fanatisme. Nous nous battons tous les jours pour préserver les acquis des travailleurs, défendre leurs outils de travail, empêcher la destruction des écoles et des universités principales cibles de l’intégrisme, qui est allé jusqu’à interdire aux écoliers, lycéens et étudiants la reprise des cours lors de la rentrée scolaire et universitaire.

Même les crèches et les hôpitaux ne sont pas épargnés.

Dans ce contexte, les déclarations, positions et actions depuis juin 1990 de l’UGTA s’inscrivent sans aucune équivoque dans une ligne patriotique de défense résolue de préservation de l’unité nationale, des valeurs républicaines, de l’idéal démocratique, des libertés individuelles et collectives, des libertés syndicales et du droit de chacun à la liberté d’opinion et d’expression.

De par ces prises de position, l’UGTA est devenue la cible privilégiée de l’intégrisme ; nombreux sont les syndicalistes victimes de ses attentats et qui ont payé de leur vie leur engagement et leur attachement à la cause syndicale.

A titre d’exemple, 300 syndicalistes sont tombés pour la démocratie ; 50 000 postes de travail perdus dus aux sabotages économiques.

Chers camarades,

Tout en rendant hommage aux martyrs de la communauté émigrée en France, l’UGTA ne peut manquer de faire appel au soutien de tous ses enfants, car dans cette crise aigüe que traverse le pays, le rôle et la participation de la communauté algérienne restent primordiaux. Déjà par le passé cette communauté s’est illustrée glorieusement dans la lutte pour l’indépendance.

Elle n’a reculé devant aucun sacrifice, payant un lourd tribut pour la reconquête de la souveraineté nationale, comme elle a poursuivi dans un contexte sans cesse hostile ses efforts afin de contribuer à l’édification du pays dont elle se veut un maillon indissociable.

Nous savons que cette communauté doit lutter contre l’exclusion, le racisme, la xénophobie, qu’elle est la cible privilégiée des campagnes électorales de certains partis qui tentent de lui imputer tous les maux de la société française, en particulier le chômage.

Malgré toutes ces difficultés, nous comptons sur la solidarité agissante de cette communauté pour la sauvegarde de la démocratie dans notre pays. Celle-ci l’a démontrée le 16 Novembre 1995, qu’elle en soit remerciée.

Quels qu’ils soient, les détracteurs des travailleurs et du peuple algérien à l’intérieur et à l’extérieur, ils viennent de leurs donner un cinglant démenti le 16 Novembre 1995, et il a choisi, en participant massivement à ce premier vote pluraliste, la voie de la démocratie, du progrès et du respect des libertés individuelles et collectives. L’UGTA en est fière, parce qu’elle a défendu ce choix depuis son huitième congrès.

Chers camarades,

Nous lançons un appel à tous nos amis français et à leur tête la CGT pour :

  • Développer la coopération entre nos deux organisations syndicales pour contribuer à la défense de la démocratie, aux objectifs communs au monde du travail, au mouvement syndical, de liberté, de paix et de justice sociale.
  • Renforcer et promouvoir les échanges entre les organisations syndicales des pays méditerranéens.
  • Arriver à engager la France et la communauté européenne à développer la coopération, les échanges économiques et technologiques avec l’Algérie.
  • Organiser des campagnes d’explication par la CGT pour faire un barrage de la manière la plus ferme à toutes les manœuvres et tentatives qui viseraient à la récupération et à l’exploitation de la situation actuelle en Algérie à des fins répressives contre la communauté algérienne vivant en France.

En conclusion

Nous remercions la CGT, tous les démocrates progressistes qui n’ont cessé de manifester leur solidarité pour les travailleurs et le peuple algérien.

Non à la violence, non au terrorisme !

Non aux massacres de nos hôtes étrangers !

Vive l’amitié entre l’UGTA et la CGT !

Vive la solidarité entre les salariés !

Vive la liberté et la démocratie !

Le Secrétaire Général de l’UGTA

Son Combat contre le Dictat du FMI

A.Benhamouda ne manqua pas non plus de se confier aux médias nationaux et internationaux, avec son style franc et authentique, au sujet des problèmes que vivaient les travailleurs Algériens, le peuple Algérien, et du rôle de l’UGTA comme défenseur des droits des travailleurs Algériens et membre actif de la société civile. Il parla de sa vision des choses, sa stratégie à la tête de l’UGTA et son approche et ses craintes quant au climat d’incertitude que vivait le pays. Quelques extraits de ses sorties médiatiques peuvent être consultés ici.

Sa tournée et ses sorties en Europe et en Amérique, ainsi que ses contacts avec ses homologues syndicalistes du monde entier, qui lui vouaient une amitié et une admiration sans égal (quelques témoignages posthumes peuvent être lus ici), ont permis ainsi de mettre davantage de pression sur le FMI à travers les gouvernements des pays concernés (eux-mêmes sous la pression de leur syndicats). (Ettihad page 8 du 28:01:98).

Son combat syndical et patriotique le mènera dans plusieurs capitales et à la majorité des conférences et rencontres susceptibles d’avoir un impact sur les travailleurs algériens et l’Algérie. Il participera activement à la conférence de Barcelone en Novembre 1995 rassemblant les 12 pays du sud et de l’est de la méditerranée et les 15 pays de l’union européenne de l’époque.

Lors de l’une de ces rencontres, une audition publique autour du thème des enjeux liés aux relations économiques et commerciales euro-méditerranéennes en juin 1996 au Parlement Européen à Bruxelles, son exposé sur le rôle des projets transnationaux comme moteur de l’intégration régionale dans le bassin méditerranéen ( dont le texte intégral peut être lu ici) fut encore l’occasion pour mettre les participants devant la réalité de l’époque et les défis auxquels des pays tel que l’Algérie faisaient face; le poids de la dette extérieure, le chômage, le déséquilibre dans les échanges et la détérioration des termes de l’échange entre le nord et le sud, la pollution de l’environnement, le terrorisme. Il parla de ces défis pour qu’ils soient pris en considération afin d’éviter les erreurs du passé, et afin que ce projet puisse bénéficier à tous les pays participants des deux rives de la méditerranée. D’ailleurs, il exposa longuement les opportunités que ces projets offraient à l’Algérie.

Pour faire entendre la voix des travailleurs algériens, A.Benhamouda est allé jusqu’à Washington DC, pour y rencontrer les représentants du FMI et de la Banque mondiale. La vague de protestations et la pression qu’il avait maintenues sur les gouvernements successifs en Algérie pour éviter un 3éme rééchelonnement de la dette extérieure algérienne avaient atteint leur paroxysme. Il fallait qu’il intervienne directement dans les négociations avec le FMI et la Banque Mondiale pour défendre les travailleurs.

Suite au lobbying de l’UGTA avec la Confédération Internationale des Syndicats Libres, à sa tête Bill Jordan, cette dernière avait réussi à organiser des réunions pour A.Benhamouda avec Michel Camdessus DG du FMI, avec Kemal Dervis, Vice-Président de la Banque mondiale, ainsi qu’avec d’autres experts chargés du dossier de l’Algérie du 25 au 29 Novembre 1996.

Ces réunions avaient pour objectif d’expliquer aux deux institutions de Bretton Woods le point de vue de l’UGTA sur les programmes d’ajustement structurel appliqués en Algérie. Ces rencontres avaient aussi permis au leader de la centrale syndicale de souligner la nécessité de renforcer d’une part, le dialogue et la concertation avec les partenaires sociaux, et d’inclure d’autre part, une forte dimension sociale dans ces programmes afin de sauvegarder le pouvoir d’achat des travailleurs algériens et d’améliorer leurs conditions de vie et de travail en général.

A.Benhamouda se déplaça aux Etats Unis sûr de lui, muni d’un dossier lourd avec des griefs bien argumentés suite à une évaluation minutieuse du programme de stabilisation de l’économie conclu avec le FMI.

Sa visite a été précédée par une visite préliminaire de cadres syndicaux, préparée sous l’égide du Centre Afro-américain du travail. Une importante délégation s’est rendue aux Etas Unis d’Amérique et s’est réunie avec des responsables syndicaux, avec des représentants du Département d’État, des cadres du FMI et avec des représentants de l’USBIRD, journalistes et écrivains américains.

D’après le témoignage de K.A. sur le quotidien le Matin du 27 janvier 2003, A.Benhamouda leur donna les instructions suivantes avant leur départ : « des informations me sont parvenues qui m’apprennent que nos autorités ont déclaré aux gens du FMI et la Banque Mondiale que l’UGTA et le peuple soutenaient les réformes économiques. Vous serez reçus aux sièges de ces deux institutions, je vous charge avec l’accord des secrétaires nationaux qui font partie de la mission, de leur dire ceci : le Gouvernement Algérien vous a menti. L’UGTA est farouchement contre les réformes telles qu’elles sont conduites dans notre pays. Dites-leur en mon nom que si l’UGTA ne bouge pas, c’est à cause de la situation sécuritaire ».

Le compte rendu complet de ladite mission peut être consulté sur ce lien.

A.Benhamouda reprochait à ce programme son « inadéquation aux réalités politiques, économiques et sociales du pays », inadéquation qui s’est traduite par « …des dévaluations de la monnaie, des taux d’intérêt prohibitifs, la limitation de l’expansion du crédit, la compression des dépenses publiques, une hausse de la fiscalité, la libéralisation totale du commerce extérieur, la libération des prix… ».

A.Benhamouda reprochait aussi à ce programme d’avoir totalement sous-estimé les facteurs de déséquilibre autres que la Demande, comme les aléas climatiques, la chute des prix des produits de base d’exportation, la hausse des prix d’importation, etc. « ce qui a fait que les crédits compensatoires obtenus par l’Algérie étaient dérisoires au regard de la contrainte écrasante qu’ont fait peser tous ces facteurs sur l’amorce d’une reprise économique significative ». Tout ceci s’était donc soldé par « …une hausse démentielle des prix des produits de première nécessité et de large consommation, une extinction des pratiques de subvention, un affaiblissement et une fragilisation accentués des secteurs sociaux, une montée considérable du chômage, du sous-emploi, de la marginalisation et de l’exclusion qui frappent les travailleurs et les catégories sociales vulnérables (femmes, jeunes, personnes âgées, handicapés) ».

A.Benhamouda, fidèle à ses convictions, n’a pas ménagé les représentants du Fond Monétaire International et de la Banque Mondiale, qui eux mêmes, reconnurent plus tard ses fins talents de négociateur, sa passion et son acharnement admirables à défendre les intérêts de son pays. Voici un témoignage de Michel Camdessus très affecté par l’assassinat de A.Benhamouda.

Ceci n’est qu’un infime aperçu de l’offensive internationale qu’a mené A.Benhamouda. Cette offensive visait la réhabilitation de l’UGTA au sein du monde syndical international en lui octroyant la place qu’elle méritait. Elle visait aussi, l’information au sujet de la situation de l’Algérie et la réhabilitation de son image à l’étranger.

Un camarade syndicaliste témoigne que « Benhamouda était et demeurera un homme exceptionnel qui a fait entendre haut la voix de l’UGTA au plan international. C’est cet homme, Benhamouda, qui a réussi à lever l’embargo économique et politique imposé à l’Algérie. Pour ce faire, il a arraché, avec brio, le soutien des syndicats européens et américains en vue d’aider l’Algérie politiquement et financièrement. Et lorsque l’Algérie a rompu ses relations avec l’Iran, l’Egypte s’est essayée à se rapprocher du régime des mollahs pour isoler notre pays. Et c’est, Si Abdelhak qui a déjoué ce complot, en visitant la Syrie puis l’Egypte pour demander aide et soutien à l’Algérie. C’est dire, et c’est peu dire que le regretté a consenti mille et un sacrifices pour sortir l’Algérie des crises qu’elle traversait ». (RT No 148).

Partagez ceci: