Abdelhak Benhamouda, syndicaliste engagé et patriote de premier ordre, emblématique et charismatique leader de la Centrale Syndicale Algérienne (UGTA) durant les années les plus difficiles vécues par l’Algérie indépendante, est né un Jeudi 12 Décembre 1946 à Constantine, 8 ans avant le déclenchement de la guerre de libération.
Il est le cinquième d’une fratrie de huit enfants, composée de six garçons et deux filles.
Son enfance ….
Son père Hadj Ali, avait une petite laiterie dans un quartier populaire au cœur de Constantine : « Avenue Kitouni Abdelmalek ». Il habitait avec sa famille dans une maison qui se trouvait au bout de « l’Impasse Mouclier », qui actuellement porte le nom de son frère aîné le Moudjahid Benhamada Mohamed, tombé lui aussi sous les balles terroristes en décembre 1993.
Ce quartier verra naître et grandir Abdelhak. Très tôt, Hadj Ali, membre actif de l’Association des Oulemas Algériens (fondée par le défunt Ibn Badis) et imam de la mosquée du quartier, l’inscrit à l’école coranique du Bardo pour apprendre l’arabe et le Coran.
Abdelhak très sensible à l’injustice sous toutes ses formes, ne tarde pas à quitter cette école après avoir refusé de subir la FALAQA (châtiment corporel), car devant être puni à tort. Son père l’inscrit alors, dans une autre école franco-musulmane. Mais c’était sans compter sur le caractère rebelle de son fils, qui restait fidèle a ses principes et refusait d’être un bouc émissaire et de se voir injustement puni. Lassé, son père finit donc par l’inscrire à l’école Arabe d’El Kettania, où il poursuivit son cursus scolaire jusqu’à l’obtention de son certificat d’étude.
Entretemps, l’enfance de Abdelhak n’était pas de tout repos. Son père, comme ses deux frères aînés, Amar et Mohamed, étaient engagés dans la guerre de libération, ce qui causa bien des ennuis a la famille, la maison familiale étant devenue un refuge pour les moudjahidines. Le père ainsi que Amar, eurent à séjourner à maintes reprises dans les prisons des hauts plateaux (El Djorf). Hadj Ali a passé plus de 5 ans en prison, tandis que son frère Mohamed, a entretemps, rejoint le maquis.
Le reste de la fratrie et leur mère sont restés livrés à eux-mêmes.
Abdelhak a pris naturellement le relais et se chargea avec sa mère de la gestion de la laiterie pour subvenir aux besoins de la famille qui, définitivement acquise à la cause nationale, continua à abriter les moudjahidines.
La maison familiale était en effet en contre bas de la ville de Constantine, un quartier qui donnait sur les grands vergers de Aouinet El Foul, à partir desquels les moudjahidines partaient vers les maquis du Nord Constantinois.
A l’indépendance, pétri par les principes de nationalisme et d’arabité d’Ibn Badiss, Abdelhak se lança dans la lecture, parfait autodidacte, il était affamé de lecture : revues, journaux, sans oublier les ouvrages de la plupart des écrivains de l’époque (tel que Taha Hocine, Nadjib Mahfoud) et pratiquement toute forme de littérature. Il s’intéressait tout particulièrement aux réflexions de Mohamed Hassanine Haykal (El Ahram), ne ratant au passage aucun numéro d’El Ahdath, Rose el Youcef etc. Il suivait aussi avec délectation les traductions des romans d’Agatha Christie, Orson Wells, Edgar Poe. Les auteurs algériens avaient aussi leur place dans sa bibliothèque : Kateb Yacine, Tahar Ouettar, Rachid Boudjedra, Lakhdar Essaihi, Tahar Benaicha et tant d’autres captaient l’attention de Abdelhak.
Son fort penchant pour la lecture ne l’empêchait pas d’apprécier et d’écouter la musique. Comme tout constantinois il a été bercé par le malouf, il aima aussi la musique moyen-orientale. Il collectionnait les 45 tours de Farid Latreche, Oum Kaltoum, Nadhem el Ghazali et tant d’autres.
Adolescent, Abdelhak fuguait souvent vers Annaba dont les salles de Cinéma projetaient les films de Farid Latrache. Les Westerns constituaient ses films favoris, surtout ceux campés par John Wayne.
Le sport avait aussi une place importante dans les centres d’intérêt de Abdelhak : fervent supporter du Mouloudia de Constantine et grand fan de Mohamed Ali dont il ne ratait jamais les combats retransmis à la radio et à la télévision.